Festival de Lucerne 2011

(Holliger, Schumann)

Le programme, quoique légèrement modifié, respectait le principe initial d’une confrontation entre les oeuvres de Holliger et Schumann. Michel Tabachnik ouvrait la soirée au KKL de Lucerne avec les "deux transcriptions de Liszt pour grand orchestre" de Holliger. La manière différente avec laquelle le compositeur traite les deux pièces pour piano était particulièrement séduisante : dans "Nuages Gris" il crée un monde sonore fragmenté, sectionné et très retenu. Au contraire, "Unstern" exulte. l’orchestre, somptueux cumule toutes les puissances orchestrales dans un sommet sonore avant de se réfracter vers un apaisement mélancolique. Connu pour composer des programmes qui incluent toujours le répertoire classique du 20° siècle, Michel Tabachnik a su parfaitement rendre la plastique de ces différences. Plus encore, la sensualité debussienne que Holliger orchestre dans "Ardeurs Noires", basées sur une pièce pour piano de Debussy, semblait habiter le chef. Dans la quatrième symphonie de Schumann... thèmes et motifs sont intimement liés et tissés, au point d’abolir la distinction entre les mouvements. L'interprétation du SWR Orchestre Stuttgart ne laissait rien à désirer et révélait avec précision le complexe tissu symphonique. Avec une direction qui engage corps et âme, Tabachnik explorait la matière sonore dans toute sa tension dramatique au point que le spectateur en oubliait presque de respirer. (Thomas Schacher, Neue Zürcher Zeitung, 25 août 2011)