Festival de Besançon - 2011

(Tabachnik, Ravel, Strauss)

Besançon. Magnifique programme, mercredi soir au Théâtre musical de Besançon, avec le Brussels Philharmonic, placé sous la direction de Michel Tabachnik. Ce dernier avait la double casquette de chef et de compositeur puisqu'il a ouvert le concert avec son œuvre « Prélude à la légende du Cycle de Haïsh' ». Une grandiose fresque sonore en trois parties qui débute avec le ronflement des cors sur un continuum de percussions. Puis il fait rugir les bois et traite les cordes en un vaste choral. Un départ à la chasse avec décochement de flèches. Un très beau travail sur les timbres et les rythmes. La partie centrale est plus apaisée avec les notes longues des cordes. Après le gong, une marche funèbre progressivement se transforme en une sorte d'élégie. Le piano est traité en cymbalum. Dans la rutilance de l'orchestration, on revient au climat initial. On livre bataille dans la stridulance de la petite harmonie et l'œuvre s'achève avec le chant de la clarinette. Suivait, au cœur du programme, Shéhérazade de Ravel avec Anna Caterina Antonacci. Sortilèges de l'écriture ravélienne et chatoiement de son orchestration. Sur ce tapis magique, flottait la voix de la soprano et sa très belle diction. « Je voudrais voir des assassins souriants. » Tristan Klingsor a offert à l'Orient ses paroles opiacées. Et ce sont celles de Zarathoustra qui ont servi de prétexte au somptueux poème symphonique de Richard Strauss que le Brussels Philharmonic, sous la baguette de Michel Tabachnik, a su faire étinceler, sans emphase ni boursouflure mais avec un lyrisme splendide. (L'Est Républicain, 22 sept. 2011)