Tabachnik et Le nouveau monde

(Stravinsky, Gershwin, Dvorak)

La symphonie du Nouveau Monde de Dvorak. Gestes larges et généreux. Ampleur. C’est à nouveau l’appel nostalgique de la nature ou la nostalgie de la terre natale qui alterne avec des accords de choc pour le Nouveau Monde. Michel Tabachnik vit sa partition intensèment, enchaînant révérences, caresses souples de la pointe de la baguette, doigt paternel sentencieux,
balancements dansés, chuchotements complices... Voilà l’immense versatilité des atmosphères
créées par le chef d’orchestre, depuis la férocité jusqu’au clin d’œil bienveillant au piccolo. On ne peut pas détacher son regard du sculpteur musical à l’œuvre. Il vagabonde entre les crescendos paroxystiques et les pianissimos de velours avec une maîtrise et une définition absolues. Michel Tabachnik projette la partition en mille éclats comme s’il ne faisait que partager avec les musiciens les dons et l’inspiration d’un homme-orchestre. Dans un passage particulièrement fort en impact dramatique, le visage du maître de musique est abîmé d’émotion et on s’imagine percevoir des voix graves de chœurs d’hommes sourdre parmi les musiciens. (Arts et Lettres, 6 juin 2014)