Création mondiale du Livre de Job de Michel Tabachnik

(Beethoven, Tabachnik, Schumann, Schönberg)

A propos du Livre de Job. Sorte de cantate d’une durée ne dépassant pas une demi-heure, l’œuvre requiert des chanteurs sonorisés en plus de l’orchestre : l’excellent baryton Marc Mauillon tient le rôle-titre, accompagné par Elise Chauvin (soprano), Patrick Kabongo (ténor), Tomislav Lavoie (basse) et le chœur Les Cris de Paris. Le compositeur parle de sa création en ces termes : « Le Livre de Job est un texte marquant, symbole du combat intérieur (…) contre le destin, l’irrationnel, l’incompris et le mal ». Il explique que « la musique est à l’image des versets : lancinante, grave ». En effet, la musique de Michel Tabachnik procure un sentiment d’angoisse très réussi, qui croît et décroît selon les passages du texte. La partition impose la crainte du sacré grâce à plusieurs effets intelligemment articulés et formant une narration tout à fait cohérente, peut-être même captivante : l’utilisation « d’antiques modes et d’anciens mélismes » (retour d’un même thème lancinant et entêtant), le martèlement de « coups sombres de grosse caisse » (pulsation marquant une fatalité terrifiante), les vibrations stridentes provoquées par l’entremêlement des voix féminines dispersées dans les aigus (ce qui déclenche une écoute obsessionnelle, apparentant ces voix à celles de sirènes maléfiques)… À plusieurs moments, on entrevoit l’influence de Stravinsky, Britten, George Benjamin aussi. Cela ne fait aucun doute, Le Livre de Job est le fruit d’un travail approfondi, digne d’intérêt, quelle que soit l’appréciation personnelle qu’on puisse émettre sur le style de composition ou le choix du sujet. (Bachtrack, Julie Jozwiak, 09 octobre 2014)